Des capsules de champagne au gout de bouchon


Fêtes riment avec champagne. Les collectionneurs de capsules de champagne sont-ils pour autant à la fête ? « On n'attend pas spécialement cette période », coupe Jacques Thierry, président de l'association des Placomusophiles du Poitou (1) .
Sauf pêche miraculeuse, ce n'est pas sur les tables des réveillons qu'il va dénicher la rareté pour compléter sa collection de... 17.000 capsules différentes. Leur particularité ? « Elles ont toutes vu le goulot de la bouteille »,résume un « placo » .Sinon, ce serait trop fastoche.
Le Lambert est aux placomusophiles ce que le Yvert et Tellier est aux philatélistes« Chaque producteur de champagne personnalise ses capsules », souligne Jacques avant de lever un voile sur quelques-uns de ses joyaux, chez lui près de Sérigny .Les portraits de Sarkozy, Obama, Chirac, De Gaulle ou Napoléon défilent sous nos yeux.
« Vous voyez, les capsules sont classées par ordre alphabétique et les très vieilles, comme celle-ci de 1908 par exemple, on les garde sur le bouchon ».Avec à portée de main le Lambert, qui est à la placomusophilie ce que le catalogue Yvert et Tellier est à la philatélie, il connaît la cote de chacune de ses rondelles.
Devant la profusion de nouvelles capsules, « 4 à 500 par an », nombre de collectionneurs préfèrent cibler des thèmes spécifiques ou des séries : personnages, animaux, fleurs... « Il en sort tellement qu'on est en train de tuer les collections », déplore ce supporter de l'Olympique de Marseille, lequel a jeté son dévolu sur « les grandes maisons ». « La collection prioritaire de mon mari, c'est le Pol Roger »,précise Marie-Jeanne Thierry, par ailleurs trésorière du club.
'' Collectionner, c'est avant tout rencontrer les gens ''« Je peux mettre 400 € pour une belle pièce,admet Jacques. La capsule que tout le monde voudrait, c'est le Pol Roger 1923. Churchill, qui était un amateur de champagne, a acheté la totalité de cette cuvée. Dans le monde, il n'y en aurait que quatre ou cinq exemplaires. »Les capsules ont leur mode et la tendance actuelle est « aux couleurs vives, aux capsules peintes à la main et au strass. »
Souvent, le couple voyage dans la Marne, « la Mecque »des « placos » . « Mais j'ai beaucoup ralenti,concède Jacques. Aujourd'hui, on se fait plaisir. Et collectionner, c'est avant tout rencontrer les gens. Chacun a son truc, son astuce. On apprend des gens et des capsules. »
Avant de prendre congé de son hôte, Jacques débouche une bouteille de champagne rosé. Pas choisie par hasard. Il enlève le muselet du bouchon et hop, la capsule viendra enrichir sa collection. Sur fond noir, une tête de tigre. Royal.
Site Internet : wwwcaps.86.frrepèresL'association recense 38 adhérentsComment devient-on collectionneur de capsules de champagne ? « Chacun a un parcours un peu particulier. Moi, c'est un peu par hasard,indique Jacques Thierry. Quand on fêtait une victoire ou autre chose dans le club d'équitation de mon fils, on gardait toutes les capsules dans une boîte qu'on a ouverte une dizaine d'années plus tard après avoir trouvé un livre répertoire sur les capsules de champagne dans un vide-greniers. Comme on croisait toujours les trois ou quatre mêmes personnes sur les mêmes stands, on a commencé à échanger.» Jusqu'à organiser une bourse d'échanges à Bignoux en 2003, avant de créer l'association des Placomusophiles du Poitou deux ans plus tard, et de participer depuis sans discontinuer à Collection Passion à Poitiers. En 2010, Jacques Thierry a succédé à Jean-Claude Debiais à la présidence. « Maintenant, nous sommes 38 adhérents ». La prochaine assemblée générale se déroulera le 3 février au « Brit Hôtel » à Poitiers.

Jean-François Rullier


(Extrait article de La Nouvelle République publié le 26.12.2011)